L’émergence de la Macédoine

Les conquêtes de Philippe II pendant la Troisième Guerre Sacrée ont cimenté son pouvoir, ainsi que l’influence de la Macédoine, dans tout le monde hellénique.

Contexte

Au lendemain de la guerre du Péloponnèse, Sparte s’est imposée comme une puissance hégémonique dans la Grèce classique. La domination de Sparte a été contestée par de nombreuses villes-états grecques qui avaient traditionnellement été indépendantes pendant la guerre de Corinthe de 395-387 avant J.-C. J.-C. Sparte l’a emporté dans le conflit, mais seulement parce que la Perse est intervenue en leur faveur, démontrant la fragilité avec laquelle Sparte tenait son pouvoir sur les autres cités-États grecques. Au cours de la décennie suivante, les Thébains se sont révoltés contre Sparte, libérant avec succès leur cité-État, et plus tard, battant les Spartiates à la bataille de Leuctre (371 av. J.-C.). Le général thébain Epaminondas a ensuite mené une invasion du Péloponnèse en 370 avant J.-C., a envahi la Messénie, et a libéré les hordes, paralysant définitivement Sparte.

Cette série d’événements a permis aux Thébains de remplacer le pouvoir hégémonique spartiate par le leur. Pendant les neuf années suivantes, Epaminondas et le général thébain Pélopidas ont encore étendu le pouvoir et l’influence des Thébains par le biais d’une série de campagnes dans toute la Grèce, faisant entrer dans le conflit presque toutes les cités-États de Grèce. Ces années de guerre ont finalement laissé la Grèce lasse et épuisée, et lors de la quatrième invasion du Péloponnèse par Epaminondas en 362 avant JC, Epaminondas a été tué à la bataille de Mantinea. Bien que Thèbes soit sortie victorieuse, ses pertes ont été lourdes, et les Thèbes sont revenues à une politique défensive, permettant à Athènes de reprendre sa position au centre du système politique grec pour la première fois depuis la guerre du Péloponnèse. La deuxième confédération des Athéniens sera le principal rival de la Macédoine pour le contrôle des terres du nord de la mer Égée.

L’avènement de Philippe II

Buste de Philippe II père d'Alexandre le Grand
Philippe II de Macédoine : Buste de Philippe II.

Alors que Philippe était jeune, il a été pris en otage à Thèbes et a reçu une éducation militaire et diplomatique d’Epaminondas. En 364 av. J.-C., Philippe revint en Macédoine, et les compétences qu’il avait acquises à Thèbes, associées à sa vision expansionniste de la grandeur macédonienne, lui apportèrent des succès précoces lorsqu’il monta sur le trône en 359 av. Lorsqu’il monta sur le trône, les régions orientales de la Macédoine avaient été mises à sac et envahies par les Paioniens, et les Thraces et les Athéniens avaient débarqué un contingent sur la côte à Methoni. Philippe repoussa les Paioniens et les Thraces, leur promettant des hommages, et vainquit les 3 000 hoplites athéniens à Methoni. Entre les deux conflits, Philippe se concentra sur le renforcement de son armée et de sa position générale sur le plan national, en introduisant le corps d’infanterie des phalanges et en l’armant de longues lances, appelées sarisses.

Formation militaire de la phalange
Une phalange macédonienne : Représentation d’une phalange macédonienne armée de sarisses.

En 358 avant J.-C., Philippe marche contre les Illyriens, établissant son autorité à l’intérieur des terres jusqu’au lac d’Ohrid. Par la suite, il accepta de louer les mines d’or du Mont Pangaion aux Athéniens en échange du retour de la ville de Pydna en Macédoine. Finalement, après avoir conquis Amphipolis en 357 avant J.-C., il a renié son accord, ce qui a conduit à la guerre avec Athènes. Au cours de ce conflit, Philippe conquit Potidaea, mais la céda à la Ligue Chalcidienne d’Olynthus, avec laquelle il était allié. Un an plus tard, il conquit également Crenides et changea son nom en Philippes, utilisant l’or des mines de cette ville pour financer les campagnes suivantes.

Troisième guerre sacrée

Philippe a gagné un immense prestige et a assuré la position de la Macédoine dans le monde hellénique pendant son engagement dans la troisième guerre sacrée, qui a commencé en Grèce en 356 avant J.-C. Au début de la guerre, Philippe a vaincu les Thessaliens à la bataille de Crocus, ce qui lui a permis d’acquérir Phéré et Magnésie, où se trouvait un port important, Pagasae. Il n’a cependant pas tenté d’avancer plus loin dans la Grèce centrale, car les Athéniens occupaient les Thermopyles. Bien qu’il n’y ait pas eu d’hostilités ouvertes entre les Athéniens et les Macédoniens à cette époque, des tensions étaient apparues suite aux récentes acquisitions de terres et de ressources par Philippe. Au lieu de cela, Philippe s’est concentré sur l’asservissement des collines des Balkans à l’ouest et au nord, et sur l’attaque des villes côtières grecques, dont beaucoup entretenaient des relations amicales avec Philippe, jusqu’à ce qu’il ait conquis les territoires environnants. Néanmoins, la guerre avec Athènes a surgi de façon intermittente pendant la durée des campagnes de Philippe, en raison de conflits fonciers et/ou avec les alliés.

Influences perses

Pour de nombreux dirigeants macédoniens, l’empire achéménide de Perse a eu une influence sociopolitique majeure, et Philippe II n’a pas fait exception. De nombreuses institutions et manifestations de son pouvoir reflétaient les conventions achéménides établies. Par exemple, Philippe créa un secrétaire royal et des archives, ainsi que l’institution des pages royales, qui montaient le roi sur son cheval d’une manière très similaire à la manière dont les rois perses étaient montés. Il visait également à rendre son pouvoir à la fois politique et religieux par nature, en utilisant un trône spécial stylisé après ceux de la cour achéménide, pour démontrer son rang élevé. Les pratiques administratives achéménides ont également été utilisées dans la domination macédonienne des terres conquises, comme la Thrace en 342-334 av.

En 337 avant J.-C., Philippe créa et dirigea la Ligue de Corinthe. Les membres de la ligue s’engageaient à ne pas entrer en conflit les uns avec les autres, sauf si leur but était de réprimer la révolution. Un autre objectif déclaré de la ligue était d’envahir l’Empire perse. Ironiquement, en 336 avant J.-C., Philippe fut assassiné au tout début de l’aventure persane, lors du mariage de sa fille Cléopâtre avec Alexandre Ier d’Épire.

Principaux enseignements

Points clefs

  • Les compétences militaires que Philippe II a acquises à Thèbes, associées à sa vision expansionniste de la grandeur de la Macédoine, lui ont apporté des succès précoces lorsqu’il est monté sur le trône en 359 avant J.-C.
  • Philippe gagna un immense prestige et assura la position de la Macédoine dans le monde hellénique lors de sa participation à la troisième guerre sacrée, qui commença en Grèce en 356 avant J.-C.
  • La guerre avec Athènes se produisait par intermittence pendant la durée des campagnes de Philippe, en raison de conflits territoriaux et/ou avec les alliés.
  • En 337 avant J.-C., Philippe créa et dirigea la Ligue de Corinthe, une fédération d’États grecs qui visait à envahir l’Empire perse.
  • En 336 avant J.-C., Philippe a été assassiné au cours des premières étapes de l’aventure persane de la Ligue de Corinthe.
  • De nombreuses institutions et manifestations de pouvoir macédoniennes reflétaient les conventions achéménides établies.

Termes clefs

  • sarisses : Une longue lance ou un brochet d’une longueur de 4 à 6 mètres, utilisé dans la Grèce antique et la guerre hellénistique, qui a été introduit initialement par Philippe II de Macédoine.

Par Sam Zylberberg

Historien, professeur, passionné par les sciences humaines, la recherche, la pédagogie, les échanges culturels et les ailleurs. Créateur de JeRetiens, JeComprends, et Historiquement point com.