Le Grand Schisme d’Occident (1378-1417)

Le schisme d’Occident a été une période de crise prolongée dans la chrétienté latine, de 1378 à 1416, au cours de laquelle un conflit a éclaté concernant le titulaire légitime de la papauté.

Le Grand Schisme d’Occident, ou schisme papal, est une scission au sein de l’Église catholique romaine qui a duré de 1378 à 1417. Au cours de cette période, trois hommes ont simultanément prétendu être le vrai Pape. Poussé par la politique plutôt que par un désaccord théologique, le schisme a pris fin avec le Concile de Constance (1414-1418). Pendant un certain temps, ces revendications rivales au trône papal ont nui à la réputation de la fonction.

Origine du Grand Schisme d’Occident

Le schisme dans l’Église romaine d’Occident a résulté du retour de la papauté à Rome sous Grégoire XI le 17 janvier 1377, mettant fin à la papauté d’Avignon, qui avait acquis une réputation de corruption qui avait éloigné la majeure partie de la chrétienté occidentale. Cette réputation peut être attribuée aux perceptions de l’influence prédominante de la France et aux efforts de la curie papale pour étendre ses pouvoirs de patronage et augmenter ses revenus.

Après la mort du pape Grégoire XI en 1378, les Romains se sont révoltés pour assurer l’élection d’un Romain comme Pape. Le 8 avril 1378, les cardinaux ont élu un Napolitain, aucun candidat romain viable ne s’étant présenté. Urbain VI, né Bartolomeo Prignano, archevêque de Bari, est élu. Urbain avait été un administrateur respecté à la chancellerie papale d’Avignon, mais en tant que Pape, il s’est avéré méfiant, réformateur et enclin à de violents accès de colère. De nombreux cardinaux qui l’avaient élu regrettèrent bientôt leur décision ; la majorité d’entre eux quittèrent Rome pour se rendre à Anagni, où, bien qu’Urbain soit toujours en fonction, ils élurent Robert de Genève comme pape rival le 20 septembre 1378. Robert prend le nom de Clément VII et rétablit une cour papale à Avignon. Cette deuxième élection plongea l’Église dans la tourmente. Il y avait déjà eu des antipapes – des prétendants rivaux à la papauté – auparavant, mais la plupart d’entre eux avaient été nommés par diverses factions rivales ; dans ce cas, un seul groupe de dirigeants de l’Église avait créé à la fois le Pape et l’Antipape.

Le conflit s’est rapidement transformé d’un problème ecclésiastique en une crise diplomatique qui a divisé l’Europe. Les dirigeants laïques doivent choisir quel prétendant ils vont reconnaître. La France, l’Aragon, la Castille et le Léon, Chypre, la Bourgogne, la Savoie, Naples, l’Écosse et la rébellion d’Owain Glyndwr au Pays de Galles reconnaissent le prétendant d’Avignon. Le Danemark, l’Angleterre, les Flandres, le Saint-Empire romain germanique, la Hongrie, l’Irlande, la Norvège, le Portugal, la Pologne, la Suède, la République de Venise et d’autres villes-États du nord de l’Italie reconnaissent la revendication romaine. Dans la péninsule ibérique, il y a eu les guerres de Ferdinand et la crise de 1383-1385 au Portugal, au cours desquelles des opposants dynastiques ont soutenu des prétendants rivaux à la fonction papale.

Conséquences du Grand Schisme

Soutenu par ces rivalités nationales et entre factions dans toute la chrétienté catholique, le schisme s’est poursuivi après la mort des deux prétendants initiaux ; Boniface IX, couronné à Rome en 1389, et Benoît XIII, qui a régné à Avignon à partir de 1394, ont maintenu leurs cours rivales. Lorsque Boniface mourut en 1404, les huit cardinaux du conclave romain proposèrent de ne pas élire de nouveau pape si Benoît démissionnait, mais lorsque ses légats refusèrent en son nom, le parti romain procéda alors à l’élection d’Innocent VII. Dans le cadre de l’intense esprit de parti caractéristique du Moyen Âge, le schisme engendra une haine fanatique entre les factions.

Des efforts sont déployés pour mettre fin au schisme par la force ou la diplomatie. La couronne française tente même de contraindre Benoît XIII, qu’elle soutient nominalement, à démissionner. Aucun de ces remèdes ne fonctionne. La suggestion de demander à un concile ecclésiastique de résoudre le schisme a été faite pour la première fois en 1378, mais n’a pas été adoptée dans un premier temps car le droit canonique exigeait qu’un pape convoque un concile. Par la suite, des théologiens comme Pierre d’Ailly et Jean Gerson, ainsi que des juristes canoniques comme Francesco Zabarella, ont adopté des arguments selon lesquels l’équité permettait à l’Église d’agir pour son propre bien-être au mépris de la lettre de la loi.

Carte de la division de l'Europe suite au Grand Schisme d'Occident
Carte montrant l’Europe divisée suite au Grand Schisme d’Occident. Les différents royaumes et leur allégeance aux différents papes.

Finalement, les cardinaux des deux factions parviennent à un accord selon lequel Benoît XVI et le pape Grégoire XII se rencontreront à Savone. Ils se rétractent au dernier moment, et les deux collèges de cardinaux abandonnent leurs papes. Un concile ecclésiastique se tient à Pise en 1409 sous les auspices des cardinaux pour tenter de résoudre le conflit. Lors de la quinzième session, le 5 juin 1409, le concile de Pise déposa les deux pontifes comme schismatiques, hérétiques, parjures et scandaleux. Mais il ajouta ensuite au problème en élisant un autre titulaire, Alexandre V. Il régna brièvement du 26 juin 1409 jusqu’à sa mort en 1410, date à laquelle Jean XXIII lui succéda, qui obtint un certain soutien, mais pas universel.

Résolution

Finalement, un concile est convoqué à Constance par le pape pisan Jean XXIII en 1414 pour résoudre la question. Ce concile fut approuvé par Grégoire XII, le successeur d’Innocent VII à Rome, assurant ainsi la légitimité de toute élection. Le concile, conseillé par le théologien Jean Gerson, obtient les démissions de Jean XXIII et de Grégoire XII en 1415, tout en excommuniant le prétendant qui refuse de se retirer, Benoît XIII. Le concile a élu le pape Martin V en 1417, mettant ainsi fin au schisme. Néanmoins, la couronne d’Aragon ne reconnaît pas Martin V et continue de reconnaître Benoît XIII. Les archevêques fidèles à Benoît XIII élisent ensuite l’antipape Benoît XIV (Bernard Garnier), et trois fidèles élisent simultanément l’antipape Clément VIII, mais le schisme occidental est alors pratiquement terminé. Clément VIII démissionna en 1429 et reconnut apparemment Martin V.

Principaux enseignements

Points clefs

  • De 1309 à 1377, le siège de la papauté se trouvait à Avignon, en France, plutôt qu’à Rome.
  • Grégoire XI est revenu à Rome en 1377, mettant ainsi fin à la papauté d’Avignon. Les Romains ont alors déclenché une émeute pour s’assurer de l’élection d’un Romain comme pape.
  • Urbain VI, né Bartolomeo Prignano, archevêque de Bari, est élu en 1378.
  • En tant que Pape, Urbain VI s’est avéré suspect, réformateur et enclin à de violents accès de colère, et de nombreux cardinaux qui l’avaient élu ont rapidement regretté leur décision et se sont installés à Anagni, où ils ont élu Robert de Genève comme pape rival le 20 septembre de la même année.
  • Cette deuxième élection jette l’Église dans la tourmente et, d’un problème ecclésiastique, elle se transforme rapidement en une crise diplomatique qui divise l’Europe.
  • Le conflit est finalement résolu par un concile convoqué par un troisième pape, Jean XXIII, en 1414, qui aboutit à l’excommunication de certains des prétendants à la papauté.

Termes clefs

  • Papauté d’Avignon : période allant de 1309 à 1377, pendant laquelle sept papes successifs ont résidé à Avignon, en France, plutôt qu’à Rome.
  • Antipape : Une personne qui, en opposition à celle qui est généralement considérée comme le pape légitimement élu, présente une revendication concurrente acceptée de manière significative pour être le pape.

Par Sam Zylberberg

Historien, professeur, passionné par les sciences humaines, la recherche, la pédagogie, les échanges culturels et les ailleurs. Créateur de JeRetiens, JeComprends, et Historiquement point com.